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La première fois que j'ai eu seize ans
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J'ai même pas soufflé de bougies...

6h30.
La première pensée qui atteint mon cerveau n'est pas "Joyeux anniversaire moi-même".
Non.
Je pense à Elle.
Puis à ce qu'Elle pourrait me dire si, comme moi, Elle venait d'être réveillée par la radio.
Par mon radio-réveil qui aurait pu nous réveiller toutes les deux, en même temps.
Que peut-être Elle se serait tournée vers moi ou je me serais tournée vers Elle et qu'Elle m'aurait caressé la joue en me souhaitant bon anniversaire. Ou une autre phrase plus originale comme Elle sait si bien faire. Qui La démarque. Qui Nous démarque. Ces petits mots juste entre nous qui font de notre couple un couple unique.
Oui, quand le réveil m'a dit "hé ho, bouge-toi ! T'as 16 ans mais t'as aussi l'oral de TPE !", j'ai pensé à ce que pourrait être ce moment, si seulement Elle était là.
Mais d'une certaine façon, Elle est là.
Et même si Elle dort, même si Elle ne rêve pas à moi, même si même si même si, et ben... Elle est quand même là.

7h59.
Une petite tête blonde qui se plante devant moi.
-JOYEUX ANNIVERSAAAAIRE ! Viens avec moi deux secondes...
"Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles". Oui oui, c'est bien moi ça !

8h.
BON ANNIVERSAIRE !

8h01.
BON ANNIVERSAIRE !

8h03.
BON ANNI.. BON ANNIV... BON ANNIVERSAIREEE !

etc.

8h15.
Je croise Amina cachée derrière un gros bouquet d'oeillets et de lys.
Dans un quart d'heure on rentrera dans l'amphi.
On est un peu stressée.
Première épreuve anticipée du Bac... C'est pas négligeable.

8h29.
Hé oui ! C'est elle ! C'est bien elle ! Sa petite voix douce nous demande d'entrer dans l'amphi et de préparer le décor de notre soutenance.
Tout se passe à merveille.
L'ambiance est bonne. Notre film leur a plu.
Ce film c'est notre atout.
Géniaaaaaal.
On ressort avec un grand sourire.

9h14.
¡ FELIZ CUMPLEAÑOS !

12h45.
Joyeux Anniversaire !
Mme la prof de maths, Mme la prof d'anglais et Mme la prof d'SVT me font la bise à l'occasion.

14h54.
J'crois qu'il y a personne chez moi.
Ha. Une nissan WS.
Mes grands-parents ?
¿ Qué pasa ?
J'entre, suivie d'Eugénie.
ELLE et ma grand-mère sont là. Ma soeur est bien bien malade.
Un gros paquet m'attend sur la table.
Mes autres grands-parents. Les ILS de IL.
Une grosse trousse de toilette et des cadeaux dans tous les coins.
Mais une lettre dure. Bourrée de sous-entendus.
Du parfum. Mais pas celui que j'aime en ce moment puisque j'en ai changé.
Je ne sais pas trop quoi dire. L'intention est gentille.
Mais ELLE dit que tout est calculé.
Plus tard IL dira qu'un jour je leur écrirai pour leur dire qu'ils me dégoûtent.
IL m'exaspère de plus en plus.
J'ai les poils des bras qui se hérissent quand IL entre dans la même pièce que moi.
Quand je suis obligée de L'embrasser quand IL rentre du travail ou lorsque c'est moi qui rentre.
Son odeur me répugne.
Ses paroles m'insupportent.
Je suis nulle. Je suis son esclave. Je suis sa chose.
Je suis bonne à rien. Je suis décevante. Je suis une rebelle.
Je suis sa fille. Beurk. Je voudrais bien enlever tout ce qui LUI appartient de mon corps.
Tout ce qui LEUR appartient à vrai dire.
Mais... Je suis unique.
- + - = +

15h36.
On regarde les photos de classe avec Amina et Eugénie.

16h33.
On revient au lycée pour l'expression scénique.

16h40.
Christine arrive avec Camille.
On se "dynamise".
On est ensuite viré de l'amphi.

17h09.
Nico, Baptiste et Florent se plantent devant moi, chacun un cadeau enveloppé de papier bleu dans les mains.
Faudrait prendre une photo. Cela fait un peu rois mages (me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je ne me compare pas implicitement à Jésus. Non non non). Une bouffée d'émotion me saisit.
Et puis J'ouvre les paquets.
Trois boîtes de pépitos !!!
Trente pépitos en tout !
Whaaaaaaaaaaou !

17h30.
Les histoires d'A.
Les choristes.
J'ai encore rêvé d'elle.
On avance bien, ce soir.

19h.
Il est l'heure.
L'heure de partir. De quitter le lycée.
Garfu vient avec moi.
On rentre à la maison.
ILS me donnent des cadeaux, vite fait, parce qu'il faut qu'on se dépêche d'aller au restaurant pour pas rentrer trop tard en plus ma soeur est malade alors Mary est venue la garder Bon allez Go on y va.

19h25.
J'appelle les ILS de IL pour les remercier.
Encore des sous-entendus.

19h40.
Pizza quatre fromages.
Crème brûlée.
Avec Garfu on finit en même temps. À la cuillère près. Et si on avait mesuré, je suis sûre que le morceau de crème brûlée restant dans nos cuillères lorsqu'on a levé la tête et qu'on a rit, aurait été le même à deux milimètres près.
IL parle de SA journée, de SON boulot.
J'aurais préféré qu'ILS ne soient pas là.
Pourquoi n'ai-je pas le droit de sortir le samedi soir ?
Pourquoi n'ai-je pas le droit d'être seule avec une amie ?
Pourquoi je pourrais pas avoir parfois un peu le même genre de vies que les autres ?
Même s'il y a toujours quelque chose de différent.
Normal.

Jeudi 16 mars 2006.

Il n'y a plus l'euphorie qui m'envahissait mardi.
Parce qu'IL m'exaspère.
Parce que son odeur bestiale reste dans la pièce.
Normal, c'est LEUR chambre.
Cela me porte au coeur.
J'ai envie de vomir.
J'ai envie de m'échapper.
J'ai envie de pleurer.
J'ai envie de m'en aller, de LE quitter pour toujours, de ne plus jamais LE voir.
D'être loin de cette famille "Groseille" qui se prend pour une famille "Lequesnoy".
Je serais bien partie à la gare, j'aurais bien pris un train, direction Paris.
Je serais partie avec tous les rouennais qui bossent là-bas.
Je serais arrivée vers 9h.
Je serais allée dans un café, place des ternes, j'aurais pris un thé et j'aurais laissé le soleil doux et frais inonder mon visage.
J'aurais acheté un gros bouquet des fleurs que j'aime le mieux.
Je me serais baladée dans les rues d'un Paris qui s'éveillerait déjà depuis quelques heures.
J'aurais laissé ce matin s'étirer, durer durer durer...

J'ai passé cet après-midi mon premier oral blanc de français.
Je suis évidemment tombée sur LE texte que je ne voulais pas.
La chance qui m'accompagnait mardi a vite trouvé quelqu'un d'autre à habiter.
"Cela tourne autour de la moyenne" a dit la prof.
On a bien ri.
Parfois (souvent), mes phrases se terminaient en quelque chose qui ne voulait plus rien dire.
Alors on riait.
Avant d'entrer, je tremblais complètement. J'étais restée un peu avec Florence Aubenas relayée ensuite par Garfu.
Au moins, dans la salle 003, il faisait plus chaud que dans le couloir.
Du coup je suis toute enrhumée, j'ai les oreilles, la tête, la gorge et le nez embrumés.
Enfin bref...
Ecrit par rafaelle-, le Mardi 14 Mars 2006, 21:43 dans la rubrique Quand le soleil se lève....

Commentaires :

sonatenfa
sonatenfa
16-03-06 à 20:51

Je trouve la formule  "- plus - égal +"  excellente ! oui, tu as bien trouvé : deux signes négatifs donnent un signe positif, voilà l'essentiel donc :D et le positif c'est toi ;)

Allez courage et patience (oui je sais, ça commence à faire long et ces deux mots ont tendance à se répéter...mais bon) ; un jour ton quotidien sera semblable à celui décrit tout au début de ton article :)

ce n'est pas une question de chance : tu as droit au bonheur, c'est tout (et c'est beaucoup)

:)


 
rafaelle-
rafaelle-
16-03-06 à 20:59

Re:

merci............................
beaucoup !

 
et-alors
et-alors
16-03-06 à 20:51

Le même morceau, au milieu là où il y a le plus de sucre, là où c'est bien brûlé, le morceau qu'on mange après avoir raclé le tour du pot ... huuummmm ...

Je m'occupe de ton cadeau ce week-end ( plus que l'espagnol ET C'EST FINIIIIII ! JE SUIS TRANQUILLE ! ) Je vais être carrément en retard pour ton cadeau mais l'intention y est et je suis sure que tu vas adorer ... ;)

  


 
ciorale
ciorale
18-03-06 à 14:24

Et Joyeux Anniversaire! Encore! Encore! Encore! Parce qu'on peut le dire autant de fois que l'on veut.
BzOo